Re: Nouveau Zénith de Katalina
Posté : 13 oct. 2022, 00:37
Au sein du nouveau Zenith de la cité libre de Katalina, magnifique arène des glaces au cœur de la ville saphyrienne, Émilie Pedersen regardait avec appréhension l’horloge, entendant les clameurs au dehors, mais cherchant la paix et le silence intérieur. La jeune progressiste avait l’habitude des meetings et des manifestations de la campagne politique : mais aujourd’hui, dans cette immense enceinte presque inconnue, elle venait parler d’un sujet qui lui tenait particulièrement à cœur, qui avait façonné son identité personnelle comme politique.
Alors, tandis que s’écoulaient les dernières secondes avant sa prise de parole, Émilie fixait son propre reflet dans le miroir, repensant aux images qui hantaient son adolescence, et qui avaient façonné son engagement politique. Elle devait le faire, elle devait rendre hommage à ce visage qu’elle reconvoquait sans cesse dans les moments les plus noirs. Elle devait se souvenir… Tremblant légèrement, elle ferma les yeux. Un instant, une éternité peut-être. Un instant d’éternité.
Quand elle les rouvrit, elle se sentait prête. Alors elle sortit de la loge, et s’avança dans les travées menant à la scène, laissant les clameurs et les encouragements lui donner du courage. Enfin, quand elle parut sur scène, elle leva la main, laissant les applaudissements lui donner du courage tandis qu’elle levait les mains. Elle était prête.
Mes chers amis, c’est un véritable plaisir de vous retrouver ici, dans l’enceinte du palais d’hiver d’Orcyssia, dans ce temple des sports et de la réussite individuelle. Vous le savez sans doute, l’Union Sociale Écologiste ne se préoccupe pas en premier lieu de la tenue de comptable des comptes publics, comme l’affirme continuellement la CMD. Lorsque j’entends les figures de ce parti ultralibéral se gausser quotidiennement de tenir comme des comptables le budget de leur région, sans s’interroger sur les moyens d’améliorer la vie de leurs concitoyens, je ne peux que faire état de mon incompréhension. Est-ce que les chiffres d’un budget national valent plus que les vies de nos concitoyens ? Est-ce que des investissements publics pour améliorer la vie des saphyriens et des saphyriennes, sont-ils une folie dépensière propre à une gauche naïve et irrationnelle ? Je ne le crois pas. Nous ne le croyons pas. Et je sais que vous ne le croyez pas !
Pour les conservateurs, la préservation des traditions et des valeurs de l’ancien Saphyr sont la condition essentielle pour satisfaire l’intérêt général. Mais comme le futur de notre nation ne peut se trouver dans les luttes du passé, la solution à des problématiques nouvelles ou persistances ne peut seulement passer par un statut quo ou une réutilisation de ce que nous avons déjà fait. Le conservatisme s’attache à ce qui est mort, car ce qui est mort ne saurait mourir encore : mais les raviver dans des discours ne permet pas de faire revenir la pertinence de ces anciennes formules à la vie. Durant ces années de mandature, la droite a été la première à faire voter le retour des indemnités pour les élus. Elle a été sur le devant de la scène pour défendre la réduction de charges pour les entreprises, la déchéance de nationalité, la lutte contre les marges supposées de notre société : mais qu’a-t-elle fais pour le cœur de nos concitoyens ? L’Alliance de la droite n’a de populaire que le nom : elle ne se préoccupe guère des classes laborieuses, préférant considérer que le travail rémunère dignement sans réglementation, que ses conditions peuvent être contrôlées par le libre jeu du marché : mais la souffrance d’une grande partie de nos concitoyens, mes chers amis, n’ont-il donc pas suffisamment d’écouter populaire pour l’entendre, et pour la comprendre ?
Enfin, les impériaux croient que le soutien de l’Etat passe avant tout par la glorification de la grandeur de la nation, et veulent conditionner le soutien et l’aide publique à l’allégeance envers nos symboles nationaux. Mais cette condescendance, mesdames et messieurs, cette condescendance est-elle notre priorité ? Devons-nous regarder dans les yeux les hommes et les femmes qui souffrent, et leur ordonner d’adhérer à la grandeur du Saphyr ? Devons-nous exiger des marques d’affection à l’Empire, pour offrir en retour aux vassaux de l’État l’aide qu’ils demandent, le soutien qu’ils méritent, la main tendue dont ils ont besoin ? Je crois à la grandeur de l’empire démocratique saphyrien : mais je crois que sa grandeur se situe dans sa promotion du vivre-ensemble, dans une concorde nationale garantie par un État bienveillant et protecteur.
Car la première préoccupation de l’USE, de ce parti que j’ai la fierté d’incarner, dont j’ai l’honneur de porter les valeurs, c’est bien le bonheur et le bien-être de nos concitoyens. De sages philosophes l’ont dit bien avant moi : de brillants sociologues l’ont démontré : la condition sine qua none d’une vie heureuse, se situe d’abord dans la bonne santé physique comme mentale, et dans la satisfaction des besoins fondamentaux. La santé physique est relativement bien protégée au Saphyr : les lois sociales protègent les travailleurs des accidents du travail, leurs ouvrent la voie à une indemnisation, tandis que le régime de sécurité sociale avancé garantit à chacun des soins hospitaliers si nécessaires. La prise en charge des consultations médicales et des hospitalisations de contrôle permet à l’ensemble de nos concitoyens de se soigner, augmentant l’espérance de vie et permettant une véritable égalité face à la maladie. Si cette égalité n’est bien sur jamais parfaite, notre système de santé physique est une conquête obtenue de haute lutte, que nous devons défendre, contre la dérégulation, contre la marchandisation et contre toute volonté collective de détruire ces victoires fondamentales.
Mais malheureusement, la soma est inséparable d’une autre partie de nos corps, dont nous ne pouvons faire abstraction : notre psyché. Il est impensable qu’une grande nation ne possède l’un des meilleurs systèmes de prise en charge des maladies physiques au monde, et ne comprenne pas l’importance fondamentale de la santé psychique. Pourtant, trop longtemps invisibilisée, culpabilisée, reléguée dans l’ombre de la faiblesse ou de la fainéantise, la santé mentale a été ignorée, considérée comme trop peu importante pour mériter une prise en charge pleine et entière. Pourtant, les souffrances qu’elle occasionne sont aussi graves et mortelles que les affections physiques.
J’aimerais aujourd’hui, vous parler de Sophie. Sophie a 32 ans, elle a réalisé de grandes études, elle a connu un parcours brillant, et elle est désormais directrice des ressources humaines dans une grande entreprise d’Orcyssia. Tout semble lui réussir: elle ne compte pas ses heures, mais peut ses comptes en banque en bénéficient grandement. Elle fais bonne figure dans les fêtes du week-end que donnent ses amis, élève seule ses deux filles en leur prodiguant une éducation de qualité dans l’une des meilleures écoles de notre belle capitale. Sophie sourit à ses collègues, à ses enfants, à ses amis, et à tous ceux qui a l’extérieur, croit voir en elle le miroir brillant de l’ascension sociale.
Mais pourtant, cela fais six mois que Sophie ne dort plus. Cela fais près de six mois qu’elle pleure chaque soir, que dès le matin mille pensées anxiogènes l’assaillent. Qu’une profonde tristesse l’envahît, un sentiment de vide et d’épuisement, de s’épuiser dans une vie sans but, de ne jamais avoir la moindre seconde à elle. De passer à côté de son unique existence, en passant la sienne à veiller sur celle d’autrui. D’avoir un travail sans véritable morale non-sens, licenciant et recrutant, brisant des destins pour la rentabilité économique dictée par des costumes cravate sans âme ni connaissance du terrain. A l’interface entre la direction et les salariés, Sophie se sent broyée. A l’interface entre ses enfants et sa vie sociale, Sophie se sent écrasée. A l’interface entre un bonheur de façade et un malheur au plus profond de son être, Sophie étouffe. Prise entre le marteau et l’enclume, elle se contorsionne jusqu’à finalement craquer.
Un matin de juin, Sophie n’est pas allée travailler. Elle n’a pas pu se lever, elle est restée figée, glacée par le feu de là souffrance. Emmenée aux urgences, elle y restera deux semaines: on lui diagnostique un état dépressif, aggravé par un burn-out et des traumatismes de jeunesse jamais traités. Alors commence le tunnel, le trou noir, la lutte contre ces démons que nul ne peut voir, mais qui continuent à exister et à gâcher tant de vies. Car si un jour Sophie s’en sort, elle ne pourra retrouver son travail, ni voir la moindre indemnisation. Quand elle s’est effondrée, son ex-mari s’est retourné contre elle en justice, l’accusant d’être une mauvaise mère, trop faible, trop instable: car une mauvaise santé mentale, ce n’est pas une maladie, c’est de la faiblesse. L’historie de Sophie, est d’une confondante banalité, mesdames et messieurs: celle d’une société qui refuse de voir les souffrances invisibles, qui fait une amère distinction entre souffrance physique et mentale, alors que les deux vont de pair, et occasionner les mêmes souffrances, et les mêmes conséquences.
Alors pour Sophie et pour tous les autres, je me battrais. Je me battrais pour que soient enfin reconnus la santé mentale comme une cause nationale à part entière. Je me battrais pour que les maladies qui en découlent soient considérées comme des souffrances tout aussi légitime que des maladies physiques, et qu’elles donnent droit à la même prise en charge, à la même protection, à la même indemnisation. Je me battrais contre les discours de culpabilisation et la marchandisation des troubles de la psyché, contre les abus de medicamentation et les volontés de faire rentrer dans des cases et des délais ces affections nombreuses.
La souffrance invisible n’est pas inexistante, mes chers amis. Et elle mérite l’attention de notre société, de nos pouvoirs publics, de notre démocratie. Car ce combat, c’est celui pour la reconnaissance de maux dont souffrent tant de nos concitoyens. Alors je ne permettrais que l’on batte en brèche la question de la santé mentale, mes chers amis: car pour apaiser ces souffrances, seule compte l’action et la compréhension. Ensemble, menons ce combat de justice: pour enfin réconcilier dans le domaine de la santé, les inséparables soma et psyché.
Emilie portant la main à son coeur, et laissa les applaudissements résonner et faire trembler l'empreinte du zénith, comme à l'aube d'un nouvel espoir, au crépuscule des démons qu'avaient dénoncés durant son discours la jeune femme. Cette dernière, avant de descendre de la scène saluer son public leva les yeux au ciel, comme pour y entrevoir une raison supérieure. Et il lui sembla qu'à travers le plafond noir de l'immense salle, au milieu des clameurs, quelque part, sa mère lui souriait.
Alors, tandis que s’écoulaient les dernières secondes avant sa prise de parole, Émilie fixait son propre reflet dans le miroir, repensant aux images qui hantaient son adolescence, et qui avaient façonné son engagement politique. Elle devait le faire, elle devait rendre hommage à ce visage qu’elle reconvoquait sans cesse dans les moments les plus noirs. Elle devait se souvenir… Tremblant légèrement, elle ferma les yeux. Un instant, une éternité peut-être. Un instant d’éternité.
Quand elle les rouvrit, elle se sentait prête. Alors elle sortit de la loge, et s’avança dans les travées menant à la scène, laissant les clameurs et les encouragements lui donner du courage. Enfin, quand elle parut sur scène, elle leva la main, laissant les applaudissements lui donner du courage tandis qu’elle levait les mains. Elle était prête.
Mes chers amis, c’est un véritable plaisir de vous retrouver ici, dans l’enceinte du palais d’hiver d’Orcyssia, dans ce temple des sports et de la réussite individuelle. Vous le savez sans doute, l’Union Sociale Écologiste ne se préoccupe pas en premier lieu de la tenue de comptable des comptes publics, comme l’affirme continuellement la CMD. Lorsque j’entends les figures de ce parti ultralibéral se gausser quotidiennement de tenir comme des comptables le budget de leur région, sans s’interroger sur les moyens d’améliorer la vie de leurs concitoyens, je ne peux que faire état de mon incompréhension. Est-ce que les chiffres d’un budget national valent plus que les vies de nos concitoyens ? Est-ce que des investissements publics pour améliorer la vie des saphyriens et des saphyriennes, sont-ils une folie dépensière propre à une gauche naïve et irrationnelle ? Je ne le crois pas. Nous ne le croyons pas. Et je sais que vous ne le croyez pas !
Pour les conservateurs, la préservation des traditions et des valeurs de l’ancien Saphyr sont la condition essentielle pour satisfaire l’intérêt général. Mais comme le futur de notre nation ne peut se trouver dans les luttes du passé, la solution à des problématiques nouvelles ou persistances ne peut seulement passer par un statut quo ou une réutilisation de ce que nous avons déjà fait. Le conservatisme s’attache à ce qui est mort, car ce qui est mort ne saurait mourir encore : mais les raviver dans des discours ne permet pas de faire revenir la pertinence de ces anciennes formules à la vie. Durant ces années de mandature, la droite a été la première à faire voter le retour des indemnités pour les élus. Elle a été sur le devant de la scène pour défendre la réduction de charges pour les entreprises, la déchéance de nationalité, la lutte contre les marges supposées de notre société : mais qu’a-t-elle fais pour le cœur de nos concitoyens ? L’Alliance de la droite n’a de populaire que le nom : elle ne se préoccupe guère des classes laborieuses, préférant considérer que le travail rémunère dignement sans réglementation, que ses conditions peuvent être contrôlées par le libre jeu du marché : mais la souffrance d’une grande partie de nos concitoyens, mes chers amis, n’ont-il donc pas suffisamment d’écouter populaire pour l’entendre, et pour la comprendre ?
Enfin, les impériaux croient que le soutien de l’Etat passe avant tout par la glorification de la grandeur de la nation, et veulent conditionner le soutien et l’aide publique à l’allégeance envers nos symboles nationaux. Mais cette condescendance, mesdames et messieurs, cette condescendance est-elle notre priorité ? Devons-nous regarder dans les yeux les hommes et les femmes qui souffrent, et leur ordonner d’adhérer à la grandeur du Saphyr ? Devons-nous exiger des marques d’affection à l’Empire, pour offrir en retour aux vassaux de l’État l’aide qu’ils demandent, le soutien qu’ils méritent, la main tendue dont ils ont besoin ? Je crois à la grandeur de l’empire démocratique saphyrien : mais je crois que sa grandeur se situe dans sa promotion du vivre-ensemble, dans une concorde nationale garantie par un État bienveillant et protecteur.
Car la première préoccupation de l’USE, de ce parti que j’ai la fierté d’incarner, dont j’ai l’honneur de porter les valeurs, c’est bien le bonheur et le bien-être de nos concitoyens. De sages philosophes l’ont dit bien avant moi : de brillants sociologues l’ont démontré : la condition sine qua none d’une vie heureuse, se situe d’abord dans la bonne santé physique comme mentale, et dans la satisfaction des besoins fondamentaux. La santé physique est relativement bien protégée au Saphyr : les lois sociales protègent les travailleurs des accidents du travail, leurs ouvrent la voie à une indemnisation, tandis que le régime de sécurité sociale avancé garantit à chacun des soins hospitaliers si nécessaires. La prise en charge des consultations médicales et des hospitalisations de contrôle permet à l’ensemble de nos concitoyens de se soigner, augmentant l’espérance de vie et permettant une véritable égalité face à la maladie. Si cette égalité n’est bien sur jamais parfaite, notre système de santé physique est une conquête obtenue de haute lutte, que nous devons défendre, contre la dérégulation, contre la marchandisation et contre toute volonté collective de détruire ces victoires fondamentales.
Mais malheureusement, la soma est inséparable d’une autre partie de nos corps, dont nous ne pouvons faire abstraction : notre psyché. Il est impensable qu’une grande nation ne possède l’un des meilleurs systèmes de prise en charge des maladies physiques au monde, et ne comprenne pas l’importance fondamentale de la santé psychique. Pourtant, trop longtemps invisibilisée, culpabilisée, reléguée dans l’ombre de la faiblesse ou de la fainéantise, la santé mentale a été ignorée, considérée comme trop peu importante pour mériter une prise en charge pleine et entière. Pourtant, les souffrances qu’elle occasionne sont aussi graves et mortelles que les affections physiques.
J’aimerais aujourd’hui, vous parler de Sophie. Sophie a 32 ans, elle a réalisé de grandes études, elle a connu un parcours brillant, et elle est désormais directrice des ressources humaines dans une grande entreprise d’Orcyssia. Tout semble lui réussir: elle ne compte pas ses heures, mais peut ses comptes en banque en bénéficient grandement. Elle fais bonne figure dans les fêtes du week-end que donnent ses amis, élève seule ses deux filles en leur prodiguant une éducation de qualité dans l’une des meilleures écoles de notre belle capitale. Sophie sourit à ses collègues, à ses enfants, à ses amis, et à tous ceux qui a l’extérieur, croit voir en elle le miroir brillant de l’ascension sociale.
Mais pourtant, cela fais six mois que Sophie ne dort plus. Cela fais près de six mois qu’elle pleure chaque soir, que dès le matin mille pensées anxiogènes l’assaillent. Qu’une profonde tristesse l’envahît, un sentiment de vide et d’épuisement, de s’épuiser dans une vie sans but, de ne jamais avoir la moindre seconde à elle. De passer à côté de son unique existence, en passant la sienne à veiller sur celle d’autrui. D’avoir un travail sans véritable morale non-sens, licenciant et recrutant, brisant des destins pour la rentabilité économique dictée par des costumes cravate sans âme ni connaissance du terrain. A l’interface entre la direction et les salariés, Sophie se sent broyée. A l’interface entre ses enfants et sa vie sociale, Sophie se sent écrasée. A l’interface entre un bonheur de façade et un malheur au plus profond de son être, Sophie étouffe. Prise entre le marteau et l’enclume, elle se contorsionne jusqu’à finalement craquer.
Un matin de juin, Sophie n’est pas allée travailler. Elle n’a pas pu se lever, elle est restée figée, glacée par le feu de là souffrance. Emmenée aux urgences, elle y restera deux semaines: on lui diagnostique un état dépressif, aggravé par un burn-out et des traumatismes de jeunesse jamais traités. Alors commence le tunnel, le trou noir, la lutte contre ces démons que nul ne peut voir, mais qui continuent à exister et à gâcher tant de vies. Car si un jour Sophie s’en sort, elle ne pourra retrouver son travail, ni voir la moindre indemnisation. Quand elle s’est effondrée, son ex-mari s’est retourné contre elle en justice, l’accusant d’être une mauvaise mère, trop faible, trop instable: car une mauvaise santé mentale, ce n’est pas une maladie, c’est de la faiblesse. L’historie de Sophie, est d’une confondante banalité, mesdames et messieurs: celle d’une société qui refuse de voir les souffrances invisibles, qui fait une amère distinction entre souffrance physique et mentale, alors que les deux vont de pair, et occasionner les mêmes souffrances, et les mêmes conséquences.
Alors pour Sophie et pour tous les autres, je me battrais. Je me battrais pour que soient enfin reconnus la santé mentale comme une cause nationale à part entière. Je me battrais pour que les maladies qui en découlent soient considérées comme des souffrances tout aussi légitime que des maladies physiques, et qu’elles donnent droit à la même prise en charge, à la même protection, à la même indemnisation. Je me battrais contre les discours de culpabilisation et la marchandisation des troubles de la psyché, contre les abus de medicamentation et les volontés de faire rentrer dans des cases et des délais ces affections nombreuses.
La souffrance invisible n’est pas inexistante, mes chers amis. Et elle mérite l’attention de notre société, de nos pouvoirs publics, de notre démocratie. Car ce combat, c’est celui pour la reconnaissance de maux dont souffrent tant de nos concitoyens. Alors je ne permettrais que l’on batte en brèche la question de la santé mentale, mes chers amis: car pour apaiser ces souffrances, seule compte l’action et la compréhension. Ensemble, menons ce combat de justice: pour enfin réconcilier dans le domaine de la santé, les inséparables soma et psyché.
Emilie portant la main à son coeur, et laissa les applaudissements résonner et faire trembler l'empreinte du zénith, comme à l'aube d'un nouvel espoir, au crépuscule des démons qu'avaient dénoncés durant son discours la jeune femme. Cette dernière, avant de descendre de la scène saluer son public leva les yeux au ciel, comme pour y entrevoir une raison supérieure. Et il lui sembla qu'à travers le plafond noir de l'immense salle, au milieu des clameurs, quelque part, sa mère lui souriait.
