23 mars 163 - La dernière audience
Posté : 23 mars 2019, 15:48
C'était une matinée de mars comme on en voyait souvent à la fin des rudes hivers de la capitale. Les nuages dissipés laissant entrevoir les premiers rayons de soleil printaniers, une fine pluie tombant dans un bruissement qui s'accompagnait des chants des huîtriers, berçant le silence de la fin de semaine dans le quartier, pourtant habituellement si prisés des touristes. Les effluves de roses émanant des parterres de fleurs impeccablement entretenues se mêlaient à l'odeur de la pluie matinale et embaumait l'air frais des jardins du Palais. On n'entendait presque pas le bruit des bottes des gardes impériaux qui sécurisaient en permanence la propriété où le calme le plus paisible régnait. Ni celui d'un homme qui, le parapluie à la main, s'appuyant de l'autre sur sa canne, se promenait seul sur les chemins pavés de pierre blanche qui luisait à l'ombre de petits arbustes parfaitement alignés tout le long, commençant tout juste à fleurir, marquant l'arrivée du printemps tant attendu.
L'homme regardait avec de larges sourires la beauté de ces jardins. Il avait toujours adoré jardiner, depuis tout petit, et alors que les vieux souvenirs de son père et de sa mère jouant avec lui, le coursant dans les haies, à travers les buissons et les étendues d'herbe verte tendre, refaisaient surface, il s'arrêta un moment et contempla son environnement. Il se revoyait plus jeune dans ces mêmes jardins. C'était son souverain de père qui lui avait apprit à jardiner et plus tard, il apprit lui même à son fils unique. Le pêcher qu'ils avaient planté ensemble était toujours là. En le voyant, il sentit une larme perler - ou peut-être était-ce une goutte de pluie.
Sa famille avait longtemps été réputé pour le caractère solennel, presque un peu renfermé, de ses membres, et lui même était connu plus jeune pour sa timidité et sa réticence à s'exposer publiquement. Mais peu savaient à quel point lui et sa famille adorait jardiner et se retrouver ici, dans leur petit havre de paix privé rien qu'à eux.
Hélas, son dos le faisait souffrir et les médecins avait dû le priver de ses derniers plaisirs de vieil homme. La dernière chose dont le pays avait besoin, c'était d'un Empereur qui s'effondre dans ses propres jardins. Nostalgique et un peu amer, Michael reprit sa marche tandis qu'il vit au loin son fidèle aide-de-camp qui se dirigeait dans sa direction.
Ce n'était pas pour la beauté de l'endroit que Michael était sorti de si bonne heure ce matin. L'arrivée d'une famille de la noblesse étrangère au Palais ne lui laissait plus d'autre endroit pour s'isoler. Et même si l'on réservait quelques salles bien précises pour recevoir les audiences, il se moquait du protocole quand il s'agissait de revoir sa chère amie, également sa chef de gouvernement.
Votre Majesté Impériale, Rebecca Hilbert est arrivée. Dois-je l'accompagner ici ?
Michael promenait encore un peu vaguement son regard dans le jardin avant de répondre à son aide-de-camp, d'une voix détendue, avec un sourire que peu lui connaissait.
Oui, merci Alexander. Et envoyez un message au président de la Cour de ma part. J'aimerai lui parler dans mon bureau dans la soirée.
Le Garde-Officier du Sceau acquiesça et repartit dans la direction opposée. Michael ferma les yeux et prit une profonde inspiration. C'était une belle journée comme plus souvent il aurait aimé pouvoir en profiter.
L'homme regardait avec de larges sourires la beauté de ces jardins. Il avait toujours adoré jardiner, depuis tout petit, et alors que les vieux souvenirs de son père et de sa mère jouant avec lui, le coursant dans les haies, à travers les buissons et les étendues d'herbe verte tendre, refaisaient surface, il s'arrêta un moment et contempla son environnement. Il se revoyait plus jeune dans ces mêmes jardins. C'était son souverain de père qui lui avait apprit à jardiner et plus tard, il apprit lui même à son fils unique. Le pêcher qu'ils avaient planté ensemble était toujours là. En le voyant, il sentit une larme perler - ou peut-être était-ce une goutte de pluie.
Sa famille avait longtemps été réputé pour le caractère solennel, presque un peu renfermé, de ses membres, et lui même était connu plus jeune pour sa timidité et sa réticence à s'exposer publiquement. Mais peu savaient à quel point lui et sa famille adorait jardiner et se retrouver ici, dans leur petit havre de paix privé rien qu'à eux.
Hélas, son dos le faisait souffrir et les médecins avait dû le priver de ses derniers plaisirs de vieil homme. La dernière chose dont le pays avait besoin, c'était d'un Empereur qui s'effondre dans ses propres jardins. Nostalgique et un peu amer, Michael reprit sa marche tandis qu'il vit au loin son fidèle aide-de-camp qui se dirigeait dans sa direction.
Ce n'était pas pour la beauté de l'endroit que Michael était sorti de si bonne heure ce matin. L'arrivée d'une famille de la noblesse étrangère au Palais ne lui laissait plus d'autre endroit pour s'isoler. Et même si l'on réservait quelques salles bien précises pour recevoir les audiences, il se moquait du protocole quand il s'agissait de revoir sa chère amie, également sa chef de gouvernement.
Votre Majesté Impériale, Rebecca Hilbert est arrivée. Dois-je l'accompagner ici ?
Michael promenait encore un peu vaguement son regard dans le jardin avant de répondre à son aide-de-camp, d'une voix détendue, avec un sourire que peu lui connaissait.
Oui, merci Alexander. Et envoyez un message au président de la Cour de ma part. J'aimerai lui parler dans mon bureau dans la soirée.
Le Garde-Officier du Sceau acquiesça et repartit dans la direction opposée. Michael ferma les yeux et prit une profonde inspiration. C'était une belle journée comme plus souvent il aurait aimé pouvoir en profiter.