Alors que le Patriarche continuait à travailler dans le but de conquérir le pouvoir pour régler les problèmes de la Nation et des Arkadiens, il fut invité par des Sénateurs pour une réunion. Lorsqu'il les rencontra, ils lui demandèrent de venir s'exprimer au Sénat pour demander sa nomination au poste de Premier ministre. En effet, ils avaient eux-mêmes échoué à former un gouvernement et la situation ne pouvait plus attendre.
C'est donc un discours qu'avait préparé le Patriarche pour s'exprimer pour la première fois au Sénat. Il entra dans l’hémicycle, dont le public n'avait sans doute jamais été aussi nombreux. Il était vêtu de son habituel soutane rouge et ses habits de chœur ainsi que sa barrette et une croix constantine autour du cou. Malgré les applaudissements, relativement calmes par rapport à sa dernière rencontre avec ses supporters, on put entendre quelques sénateurs indignés. Il monta à la tribune.
Chers Sénateurs,
C'est un immense honneur pour moi de me tenir aujourd'hui à cette tribune. Cette tribune, comme toute cette institution dont vous êtes les garants, est le symbole de notre démocratie. Une démocratie qui semblait il y a encore quelques semaines forte et qui a vacillé lorsque des forces socialistes ont voulu s'emparer du pouvoir de manière définitive. Cette situation dangereuse me permet de faire ce constat : le monarchie n'est pas assez forte et notre système démocratique est à revoir.
Si je suis devant vous aujourd'hui, ce n'est pas par soif de pouvoir. Je n'avais il y a encore quelques jours aucune intention de m'investir dans la vie politique de notre pays. La disparition de notre bien-aimé Roi change la donne. Je ne peux pas rester les bras croisés. C'est d'ailleurs pour cela que j'avais annoncé la création de mon propre mouvement politique, pour lutter contre les maux de notre Nation. Le premier d'entre eux est le communisme, et même le socialisme quand il est celui de Felix Norberg.
Les Sénateurs communistes et socialistes, qui se faisaient très rares parmi les Sénateurs, furent scandalisés par les propos du Patriarche, qui resta impassible.
Oui, ils représentent un danger. Je ne peux pas et je ne veux pas les empêcher de participer à la vie démocratique du pays mais je veux surtout que de plus grands contrôles soient exercés sur le personnel politique. Il faut absolument éviter que ne se reproduire l'enlèvement du Roi et la mise en place de ce fameux conseil de crise. Ce qui se passe actuellement dans le nord de notre Nation est ce que Norberg voulait mettre en place ici. La mise en place d'une dictature. Ni plus ni moins.
Il est de notre devoir, en tant qu'Arkadiens, d'empêcher qu'une partie de notre peuple ne devienne esclave d'un régime séparatiste, qui ne respecte pas nos idéaux. Il est de notre devoir de protéger les plus faibles, ceux qui se laissent amadouer par des discours détachés de toute réalité. Arkadia est plus qu'une Nation, c'est un peuple, groupé autour d'un monarque et guidé par le Sort.
Je sais que ma nomination de Premier ministre ne respecterait pas les règles établies. Mais nous sommes dans une crise politique des plus graves. Il convient de donner un avenir aux millions d'Arkadiens que vous ont élus justement pour que vous leur en donniez un. Vous êtes les représentants du peuple, il vous incombe de mettre un terme à cette crise et de donner un gouvernement à ce pays.
Si je venais à être confirmé par cette assemblée, mon programme serait on ne peut plus simple. Premièrement, je pense qu'il est essentiel de mettre en place les moyens militaires, aux côtés de notre protecteur Saphyrien, pour libérer notre Roi et mettre hors d'état de nuire les séparatistes du Nord. Notre nation est une. Notre peuple est un. Notre armée, assistée du Saphyr et observée par toutes les démocraties du monde, rétablira l'ordre, la démocratie et la liberté.
Ensuite, il conviendra de réformer notre constitution. Comme je l'ai dit, notre système ne convient plus. Il ne convient plus aux attentes de nos concitoyens. Le système des corporations est particulièrement injuste. La corporation des journalistes pèse autant que celle des ouvriers alors qu'il y a beaucoup plus d'ouvriers. Est-ce normal ? Non ! Il faut que le Sénat soit élu au suffrage universel, sans distinction de profession. La voix d'un Arkadia doit valoir la voix d'un autre Arkadien.
Il faudra préserver notre monarchie et notre démocratie. L'un ne fonctionnera pas sans l'autre, et je sais que vous y serez attentifs. C'est pour cette raison que je veux que la constitution soit adoptée par référendum. Une fois qu'elle sera adoptée, des élections seront immédiatement organisées. Alors, c'est le suffrage qui décidera de l'avenir. S'il souhaite que ma mission continue, je la continuerais, s'il souhaite que ma mission s'achève, je l'achèverais.
Notre pays est face à d'immenses défis et c'est ensemble que nous les règlerons. Voter en faveur de ma nomination serait un signal fort : le peuple est écouté. S'y opposer vous fera porter la responsabilité de la continuité de cette crise. Je ne sais pas si le peuple apprécierait que vous refusiez ce qui apparait comme le dernier recours, à moins qu'un gouvernement nommé par le Saphyr soit pour vous une meilleure option.
L'unité de notre pays est essentielle et le gouvernement que j'aurais l'honneur de diriger, car j'ai conscience de votre volonté unificatrice, sera transpartisan. Pas d'étiquette, tous seront représentés et les experts auront la part belle. Je veux régler les problèmes de nos concitoyens, pas diriger Arkadia pour le prestige.
Que le Sort vous bénisse, qu'Il bénisse le peuple Arkadien.
A la fin de son discours, les Sénateurs monarchistes, résidus malgré eux d'un gouvernement socialiste traitre, se levèrent et applaudirent le Patriarche, tout comme le public, qui semblait avoir fusionné en une immense masse de soutien au Patriarche. Il descendit de la tribune et rejoint une place parmi le public pour assister à la suite. Il voulait entendre les Sénateurs et voir quel serait leur vote. En attendant que cela ne commence, il sortir ses Saintes Écritures de poche et commença à lire.




