

Face à la panique qui s’est emparée de Chirper ces derniers jours, et aux invectives qui ont fusé de toute part entre le gouvernement et l’opposition officielle, j’aimerais recentrer le débat sur les enjeux essentiels de la crise actuelle. Il ne s’agit pas d’un affrontement idéologique destiné à trouver un coupable, ni d’un prétexte pour se renvoyer à chacun la responsabilité d’agir. Je rappelle que les premiers concernés par les effets néfastes de cette molécule sont nos agriculteurs, qui subissent de plein fouet les conséquences sanitaires et économiques de cet usage et de la réponse politique qui y sera apportée. La deuxième menace est plus globale: elle concerne la substance économique de notre secteur agricole, et la souveraineté alimentaire de notre pays: deux enjeux qui vont bien au delà du scandale actuel.
Alors la réponse ne peut venir d’une interdiction unilatérale du pesticide, ou d’une sanction exemplaire de l’entreprise qui le commercialise: ils ne permettront pas, a court-terme, de faire face aux menaces pesant sur notre économie et sur nos concitoyens. Moi, je voie surtout la dimension humaine de cette problématique: que change t’il aux agriculteurs que l’entreprise soit immédiatement condamnée par le conseil impérial, alors que plusieurs syndicats ont déjà exprimé d’intenter des actions civiles ? Comment une interdiction immédiate d’utiliser ce pesticide pourrait elle répondre aux problèmes, quand les conséquences de son usage passé sont encore visibles ? Que change t’il à nos concitoyens que l’initiative ne vienne du Congrès, du gouvernement, des principautés ou du Senat ? Multiplier les points de discorde ne fera pas avancer les choses: notre réponse doit au contraire être digne, concertée et réfléchie.
Trois enjeux que j’estime utiles pour le débat démocratique, sans vouloir me substituer en aucune façon a mes collègues du contre-gouvernement, aux ministres présidents des principautés ou au Haut Commissaire a l’Environnement. Premièrement, comment limiter les dégâts, en conciliant survie économique de nos agriculteurs et bannissement du pesticide ? Suspendre temporairement sa commercialisation et restreindre son usage peut être un pas en ce sens, pour avoir le temps de faire évoluer le cadre légal vers davantage de contrôle. Deuxièmement, comment soutenir nos agriculteurs ? Si la compétence en revient d’abord aux ministres présidents, les institutions fédérales doivent aussi offrir une réponse concertée et faire valoir la solidarité entre les principautés les plus touchées et les autres, car la survie de notre production agricole concerne l’ensemble de notre Nation. Enfin troisièmement, comment utiliser ce scandale comme point de départ d’une réflexion concrète vers une nouvelle forme d’agriculture ? Cela revient à une fois que l’incendie sera éteint, travailler ensemble pour construire les planches d’une maison plus solide. Pas en attisant les flammèches de la discorde, mais en faisant preuve de dignité et d’efficacité dans l’action.