22 janv. 2021, 23:58
Il y avait pour ce premier meeting de Linda J. Hansen une petite foule qui s'était réunie dans le parc où elle avait souhaité s'exprimer. Pourquoi un parc ? Parce que depuis sa plus tendre enfance dans les campagnes du Njörldland Linda avait toujours trouvé en la nature sa seule et véritable amie. La nature était apaisante. Quand les Hommes préféraient juger dans une violence en avalanche, les arbres toujours pour l'accueillir tendaient leurs branches. Quand les Hommes étaient immatures et violents, n'appréciant uniquement que slogans et tyrans, la nature elle n'avait guère jamais eu d'intérêts partisan. C'était ainsi puisque le débat, fer de lance de la démocratie avait été troqué contre une démagogie de bas étage que Linda avait décidé ce soir d'initier une nouvelle façon de faire de la politique. Si Linda était membre d'un parti il n'était pour elle pas question de reprendre la vieille politique politicienne qui de droite comme de gauche n'avait apporté aucune solution, ce soir et tous les soirs ce ne serait qu'une discussion et une recherche de solutions.
- Mes chers concitoyens, mes amis, mes jambes tremblent tellement que j'crois que je devrais m'asseoir. *dit-elle avec amusement.*
Je sais bien, quand les politiciens parlent aux saphyriens, ils ont des airs assurés, un leardership assumé. Moi ? Je tremble. Vous l'aurez deviné, d'abord parce que ma tête ne vous dit probablement rien et rassurez vous vous n'êtes pas le seul, je ne suis pas une politicienne de métier. Avec toute une vie dans les milieux associatifs puis militaire, je n'ai même pour tout vous dire jamais jusqu'alors ni eu d'ambition politique ni même d'idées précises de ce que le Saphyr devait être. Comme beaucoup je le crois je n'ai eu dans ma vie qu'une possibilité. Celle d'être spectatrice d'un monde, d'un Saphyr, aux inégalités croissantes, à la misère déprimante et à une inaction plombante des politiciens et des politiciennes de ce pays.
Je ne suis pas une politique, je n'ai pas quarante ans d'expérience dans les couloirs sombres du Sénat Saphyrien, à discuter avec les lobbys des énergies fossiles entre deux réunions sur la politique fiscale et c'est pourquoi je viens devant vous avec l'humilité de tous ceux qui veulent ouvrir une discussion avant ceux qui n'ont jamais voulu que n'être élu ou réélu.
Depuis mes seize ans au sein de l'Union Solidaire nous avons distribués des dizaines de milliers de repas, accompagné des milliers de personnes, sauvé de la rue des centaines de sans abris, nous avons bati une action sociale concrète plutôt qu'un discours, sur le terrain plutôt que depuis un salon doré, nous avons choisi une approche d'Homme à Homme, d'humain à humain. Durant ces années j'ai rencontré des familles et des familles, des couples rarement, des personnes seules plus souvent mais toujours un aspect qui revenait, la grande précarité. Cette pauvreté d'où venait-elle ? D'aucuns serait tenté de nous dire que la pauvreté viendrait du chômage de ces personnes et que celles-ci seraient chômeuses puisque fainéantes et désintéressés. A cela je répondrais simplement que si oui il y avait des chomeurs et que chacun d'entre eux se battait sans doute plus face à la rue que n'importe qui des politiques qui tiennent ce discours, la grande majorité des personnes avaient un travail, mais un travail qui ne payait pas.
Ces personnes elles travaillaient 40, 42, 45 heures par semaine. Elles portaient des cartons, vendaient du poisson, posaient du béton bref, elles étaient et sont toujours les forces vives de cette nation. Mais face à cette majorité travailleuse qui a peur dès le début du mois les politiques opposent de l'austérité, de la rigueur, taxons les pauvres et qu'ils se démerdent avec ça. Et quand face à la misère qu'ils ont crées nous nous réunissons pour distribuer des plateaux repas, pour trouver à chacun un toit pour la nuit, que font les politiques ? Ils nous utilisent comme justification que la pauvreté n'est pas si grave, qu'il y a toujours des associations pour vous aider une fois à la rue. Pendant des années et plus que jamais aujourd'hui les gouvernements de droite n'ont pas poursuivi cette politique honteuse parce qu'ils n'avaient pas le choix, non. Cette politique, c'est une idéologie, c'est une certaine vision de la société. Cette vision, c'est votre asservissement, c'est notre asservissement au profit d'une minorité qui s'accapare toujours plus nos richesses. De toute son histoire notre pays n'a jamais produit en une année autant de richesses qu'aujourd'hui. Pourtant, les caisses de l'état sont vides et les portefeuilles ne font guère moins pale figure. Mais alors où va l'argent ? A cela nous avons une réponse. Qui ne se serre pas la ceinture ? Ceux qui la fabriquent. Oh bien sûr les vrais fabriquant des ceintures ce sont les travailleurs et les travailleuses mais ce sont cela même qui finiront sur le carreau puisque trop peu payés. Non, non, ceux qui revendiqueront la fabrique de la ceinture ce sont les grands patrons, ceux qui sous-paient leurs salariés mais se gavent chaque années, chaque mois de dividendes en quantités. Quand eux touchent des dividendes records, nous gagnons des licenciements, quand eux se paient un voyage en Ostaria, nous ne gagnons plus assez pour nourrir nos enfants.
Face à cette situation hypocrite et honteuse, face à l'inaction logique de politiciens complices, je propose que nous mettions fin à la mascarade. Ces gens à la droite de l'hémicycle pour qui nous avons voté, ces gens à qui nous avons donné notre confiance, accordé notre sympathie, notre espérance, voilà ces même gens qui vendent notre peau à quelques augustis. Parce que nous les avons élus pour nous représenter et non pour nous vendre, parce qu'ils ont trahi la promesse de se battre pour nos interêts et non ceux des multinationales, je vous fais une offre, une offre unique et historique, celle d'envoyer une nouvelle génération de Sénateurs et de Sénatrices, de Députés et de Députées au Parlement de notre grande Nation. Quand vous réclamez un meilleur salaire, on vous répond qu'il faut attendre les retombées sur la croissance des mesures économiques, bref un ruissellement qui ne viendra pas. Vous ne gagnez au final que des taxes plus élevés, un salaire qui n'a pas bougé quand le travail fourni s'est encore accru sous la menace du licenciement. Parce qu'il faut cesser de vous mentir, parce qu'il faut reconnaitre que l'argent est bien là, sous nos yeux, mais dans les mains d'une minorité, cette même minorité qui dirige nos grandes entreprises, parce que nous avons les moyens de donner à chaque saphyrien et chaque saphyrienne de quoi vivre sinon dans un confort bien mérité au moins dans la dignité, je m'engage si vous permettez à l'USE de s'imposer au parlement de me battre et je le dis avec tout mon dégout des injustices sociales, pour rehausser le salaire minimum à 15 augusti de l'heure. L'argent c'est bien mais encore faut-il avoir le temps d'en profiter. Et par profiter j'entends emmener son fils voir un match de foot, payer un verre à cette collègue sur qui vous avez vos yeux depuis quelques semaines, mais ne vous pourrez pas si comme aujourd'hui la nuit sera tombée quand vous devrez rentrer du travail.
L'asservissement ça n'est pas seulement manger votre argent, c'est aussi manger votre temps. Chaque heure de votre semaine devant un ordinateur, chaque semaine de votre mois, chaque mois de votre année, chaque année de votre vie toujours, toujours plus de travail. Ils vous volent votre vie sociale, ils vous volent votre santé, ils vous volent votre productivité. Toujours plus produire toujours plus longtemps, le libéralisme détruit l'humain au profit de quelques augustis, c'est une machine qui ne s'arrête jamais sinon lorsqu'il ne peut plus rien tirer de votre vieux corps ravagé par les misères qu'il vous a fait subir. La valeur du travail est très importante. Mais parce que la valeur travail ne doit plus reprendre son sens original de triapaliare cet instrument de torture, il doit être adapté selon les époques et toujours rester moderne. On travaille pour vivre, on ne vit pas pour travailler et si bien sûr le travail doit garder une place central dans notre vie comme un instrument nous permettant d'obtenir une meilleure vie à la sueur de nos fronts, il doit toujours laisser une place au divertissement, à la vie sociale et familiale parce que la société c'est d'abord les liens entre les individus avant la production constante de richesses pour nos supérieures davantage que pour nous.
Pour redonner le temps à chacun de souffler, de profiter de la vie et de la beauté de notre pays, je me ferai l'avocate d'un abaissement du temps légal de travail à 38h et voir plus tant on sait qu'au dela de l'aspect humaine d'une telle mesure, des personnes heureuses seront toujours plus enclins à s'investir dans leur travail et ainsi à accroitre leur productivité.
Nous avons évoqué des problèmes, nous avons proposé des solutions, voilà la vision pragmatique d'une politique sociale plutôt que démagogue que je souhaite porter au Sénat de Saphyr. Si vous me permettez de faire partie de la représentation nationale je me batterai pour mettre fin au grand mensonge et pour qu'enfin soient redistribués les richesses que nous, les travailleurs de ce pays, produisons par la sueur de nos fronts. Merci beaucoup Seaston de m'avoir écouté, c'était un honneur et un plaisir et j'espère que nous pourrons continuer ensemble le combat au parlement Vendredi prochain mais quoiqu'il arrive, quelque soit les résultats, je continuerai le combat jusqu'à ce que le peuple remporte la victoire.
Linda J. Hansen, Sénatrice Impériale et Maire de Seaston (Skjördland)